La recherche sur l’embryon
L'embryon humain objet de convoitise ?Contexte
Depuis 1994, la Fécondation In Vitro a entraîné la constitution d’un nombre important et croissant d’embryons congelés. Ces embryons dits « surnuméraires » suscitent la convoitise des chercheurs. Lorsque ces embryons humains ne font plus partie d’un projet parental, ils sont alors considérés comme des matériaux de recherche précieux mais dont l’utilisation conduira à leur destruction.
Quel intérêt pour les chercheurs ?
Au stade embryonnaire, les cellules souches sont pluripotentes, c’est-à-dire qu’elles peuvent se différencier en tous types cellulaires. Elles ont également la capacité de se multiplier à l’infini par simples divisions.
Cependant, utiliser les cellules souches embryonnaires conduit à la destruction des embryons.
La potentialité des cellules souches embryonnaires conduit certains laboratoires et chercheurs à faire pression sur le cadre légal qui régit la recherche sur l’embryon. Ce cadre a d’ailleurs évolué à plusieurs reprises ces dernières années, passant en 2004 de l’interdiction stricte à l’interdiction avec dérogation, et depuis 2013 à la levée de l’interdiction, sous conditions.
Alertes éthiques
La recherche sur l’embryon pose en elle-même de graves questions éthiques, traitant l’embryon humain comme un matériau de recherche et un cobaye.
Certaines expérimentations doivent par ailleurs être dénoncés et interdites :
- La création d’embryons chimères homme-animal (à partir notamment de cellules souches embryonnaires humaines) en vue de « cultiver » des organes humains à l’intérieur d’animaux et d’obtenir des greffons, par exemple.
- La modification génétique d’embryons humains avec l’utilisation de techniques de type CRISPR-Cas9, qui ouvre la possibilité de donner naissances à des bébés génétiquement modifiés.
Ces expérimentations incitent à de nouvelles transgressions éthiques, telles que celle de créer des embryons humains spécifiquement pour la recherche, ou d’allonger le délais légal d’utilisation des embryons fixé aujourd’hui en France à 6 jours de développement.
Cadre législatif
Loi bioéthique
Interdiction stricte d’utiliser l’embryon humain. La loi valide et encadre la congélation des embryons surnuméraires (issus de FIV) mais interdit de créer ou d’utiliser les embryons pour la recherche.
29/07/1994
Loi bioéthique
Maintien de l’interdiction de la recherche sur l’embryon mais dérogation pour 5 ans pour utiliser à des fins de recherche des embryons humains ne faisant plus l’objet de « projet parental », sous conditions de progrès thérapeutiques majeurs et à conditions de ne pouvoir être poursuivi par une méthode alternative d’efficacité comparable.
06/08/2004
Loi bioéthique
Maintien de l’interdiction de la recherche sur l’embryon, mais élargissement des dérogations : sans limite de temps et sous simple condition de « progrès médicaux majeurs, tout en demandant de favoriser des recherches alternatives. Une clause de conscience est accordée aux chercheurs qui ne souhaitent pas faire de recherche sur les embryons.
07/07/2011
Loi
Levée du principe d’interdiction. Autorisation explicite de la recherche sur l’embryon, sous simple condition de « finalités médicales ».
06/08/2013
embryons surnuméraires sont congelés*
%
des embryons congelés sont sans projet parental*
* Chiffre de l’Agence de la Biomedecine dec. 2015
En 2015…
embryons ont été conçus in vitro, aboutissant à la naissance de 13 253 enfants, soit 18 embryons conçus pour une naissance.
embryons ont été congelés.
ont été détruits.
Questions éthiques
Le sens du progrès :
la fin justifie-t-elle les moyens ?
La fascination des chercheurs devant la potentialité que permet l’ouverture de la recherche sur l’embryon conduit à considérer l’embryon humain comme un cobaye ou un simple matériau de recherche. L’évolution du cadre légal et les expérimentations de plus en plus transgressives nient le caractère spécifique de l’embryon humain.
Il n’existe pas réellement à ce jour d’alternative équivalente à la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Néanmoins, il existe d’autres méthodes permettant de travailler sur des cellules souches pluripotentes (qui peuvent donner tous les types de cellules de l’organisme) ou multipotentes (qui peuvent se différentier en un nombre limité de types de cellules) sans avoir recours à l’embryon humain.
- Les cellules souches multipotentes adultes (des cellules souches hématopoïétiques sont présentes dans la moelle osseuse ; il y a aussi des cellules souches mésenchymateuses dans la graisse, les cartilages, les os, la moelle osseuse, les muscles, la peau… Elles peuvent redonner le même type de cellules que le tissu dont elles sont extraites. Elles présentent de nombreux avantages : stabilité, bonne tolérance immunitaire, peu de risques d’utilisation pour la santé du receveur.
- Les cellules souches hématopoïétiques issues du cordon ombilical (à l’origine de toutes les lignées de cellules sanguines)
- Les cellules souches pluripotentes induites (IPS): ce sont des cellules somatiques (adultes) réinitialisées par une technique spécifique pour revenir à l’état de cellules souches. Elles peuvent ensuite être reprogrammées en d’autres types de cellules.
Embryon vs. animal :
quelle protection ?
La même année, en 2013, la recherche sur l’animal et la recherche sur l’embryon humain ont vu leur encadrement évoluer dans des directions diamétralement opposées.
- Le 1er février 2013, les contraintes de la recherche sur animal ont été renforcées avec la transposition en droit interne de la Directive 2010- 63-UE. Le décret n° 2013-118 du 1er février 2013 protège les animaux y compris avant leur naissance, jusqu’à un stade très précoce. Il insiste sur le remplacement par « d’autres méthodes expérimentales », chaque fois que possible, pour diminuer le nombre d’animaux concernés.
- Le 6 aout 2013, la France lève le principe d’interdiction et autorise explicitement la recherche sur l’embryon, sous simple condition de « finalités médicales ».
Il est devenu aujourd’hui moins contraignant de faire de la recherche sur l’embryon humain que sur les animaux.
Recommandation VITA
Rétablir un régime d’interdiction protégeant l’embryon humain (et ses cellules souches) de toute recherche provoquant sa destruction.